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Slimane Raïs - Les petites choses


Le Jardin des Délices, Slimane Raïs

Le Jardin des Délices, 2006

L'atiste a passé une série d'annonces demandant aux participants de laisser sur son répondeur téléphonique le récit d'une faute commise et jamais oubliée. Les messages sont ensuite murmurés par des haut-parleurs cachés dans 25 boules dorées suspendues à autant de tiges flexibles, au sein d'un espace clos couvert de miroirs.


‹‹ Slimane Raïs, d'interventions en interventions et de lieux en lieux tisse un parcours singulier et passionnant. Il n'intervient pas sur la matière et l'espace, la représentation picturale ou photographique. A travers des interventions mettant en jeu une rencontre, des échanges de paroles, d'objets personnels, d'histoires, de secrets, il expérimente, à partir de ce qui constitue la part la plus individuelle de chacun de nous, un nouveau lien social. (...)


Slimane Raïs crée donc des rencontres. Accueilli dans un lieu, dans un contexte, il y développe un moyen (toujours différent) d'entrer en relation, à partir d'un petit rien commun, susceptible de polariser l'échange. ll n'y a pas pour autant d'exploitation plastique de l'échange créé. Ainsi, l'Œuvre n'est pas une conséquence de la relation engagée.. L'œuvre est cette relation, la relation est l'œuvre. Le spectateur n'accède, lui, qu'à certains fragments de l'œuvre. Car ce qui différencie le travail de Slimane d'une action artistique de révélation sociale, voire même sociologique, c'est sa délicate implication personnelle dans l'œuvre. Certes il n'y a pas de pathos ou d'exposition autobiographique, mais Il n'y a pas non plus de distanciation froide et complètement neutre. Il crée la situation et assume d'en être de façon forcément subjective et sensible l'un des deux acteurs. Enfin, comment croire que certains thèmes de travail qui visent à permettre la rencontre ne résonnent pas d'une façon particulière dans la vie de S. Raïs? Au fil des rencontres et des interventions et entre les lignes, c'est donc aussi un portrait impressionniste de l'artiste qui se dessine.


Les amours perdues, Slimane Raïs

Les amours perdues, 2000

Histoires de séparations amoureuses des habitants du quartier imprimées sur des feuilles d'acier jaune et accrochées comme des ex-voto.

(...) Ce n'est donc pas directement un souci politique et social qui guide Slimane : C'est, on l'a dit, l'accumulation de paroles individuelles d'ordre intimes (donc poétiques) qui transporte le travail vers le champ public et non pas l'exposition de témoignages structurée par un discours. Les sujets de Slimane sont axés sur la part émotionnelle et secrète de chacun…. Ainsi, quand bien même Slimane s'adresse à des groupes cernables socialement, il engage cependant avec eux systématiquement une relation individuelle. Il s'agit de mettre à jour la part énigmatique de chacun sans solution interprétative.


(...) Le recul devient suffisant pour mettre en perspective les différents processus menés par S. Raïs depuis 1994. On découvre alors qu'une Œuvre parmi les plus cohérentes est en train de se construire : Des troquets-troqués du quartier Berriat de Grenoble, en passant par les pour parlers d'Annecy, les portraits robots du quartier de l'abbaye, les calendriers intimes d'Yvry sur seine, les pastilles de Dortmund et les cabines de séduction de Lyon, (entre autres interventions !), on constate que ces situations révèlent et activent la synergie qui doit pouvoir exister entre le roman personnel de l'individu et le roman collectif d'une communauté.


Pour parler, Slimane Raïs

Pour parler, 1998

L'oeuvre est constituée d'une ligne téléphonique directe entre les spectateurs de l'exposition et le téléphone portable de l'artiste. La conversation créée entre le visiteur et l'artiste, surpris à tout moment dans sa vie quotidienne, se définit comme l'oeuvre elle-même, la teneur de la conversation n'étant pas dévoilée.


L'art de Slimane Raïs est bien un art qui s'inscrit dans le champ social. Il détient même un caractère politique subtil, par le maillage social qu'il induit face au morcellement social qui s'accroît. Ce qui est étonnant, c'est qu'il y parvient sans agiter les problématiques collectives habituelles. Il y parvient en parlant… d'amour, de chagrin, de rêve, de peur, d'émotion, de secret, d'intimité, bref, de ce qui constitue le tremblement le plus diffus d'une vie. C'est comme cela que les gens de Slimane s'infiltrent avec délicatesse dans notre mémoire collective, par les tremblements diffus et partagés de nos vies.


Extraits d'un texte d' Alain Livache, mars 2004

Slimane Raïs, une éthique relationnelle



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